La réussite en BDSM est conditionnée à la vision et la "valeur" que l'on donne a l'autre. Ainsi, la personne soumise voit (ou devra absolument voir) en la personne dominante celle qui est unique et capable de lui apporter ce qu'elle attend, de lui imposer et de lui insuffler le désir d'avancer, de dépasser ses limites et de la modifier pour devenir ce que chacun attend de de l'autre. Ce principe s'illustre dans une loi comportementale nommée "Effet Pygmalion". La relation BDSM entre "dominant et dominé" est très fortement régie par cette loi. Dans des travaux avant-gardistes le psychologue américain R. Rosenthal en 1960, met en exergue l’effet Pygmalion. On pourrait le résumé de la manière suivante : « on obtient des autres ce que l’on attend d’eux ». Ainsi, nous avons tendance à nous montrer à la hauteur de ce que l’on attend de nous, donc à faire mieux et a se dépasser si l’on est traité comme susceptible de réussir cela ...
Ainsi, la considération et les encouragements de celui que l'on voit comme le guide de son épanouissement, le détenteur de son évolution permettent a la personne soumise de s'imprégner d'une volonté de progrès. Elle la pousse a avancer pour que l'image positive rendue en retour par la personne dominante devienne une expression de réussite et de vecteur d'évolution ..." si il me voit ainsi, je le suis, ... car si je le suis , il me verra encore plus ainsi..." C'est une spirale de capacité et de reconnaissance. On offre a l'autre ces avancées pour voir en lui le plaisir de sa propre réussite. La personne dominante n'aura plus qu'a jouer sur l'amplitude des pratiques et la reconnaissance des résultats. Elle pourra alors fixer de nouveaux objectifs.
Pour être « bon », ces objectifs ne devront pas simplement être concrets. Ils doivent également constituer un mélange subtil entre réalisme et ambition. Ils doivent être réalisables dès qu’une nouvelle compétence, un nouveau savoir-faire, un nouveau comportement a été mis au point et prouver a la personne soumise qu'elle peut apprendre, avancer et se dépasser. Proposer une évolution ambitieuse du comportement, une transgression des idées conformistes, le dépassement de ces peurs et de ces tabous, ne peut réussir que dans une dynamique positive et d'encouragement, mais aussi de démonstration par l'exemple ou par l'explication. Il faut stimuler et non ré-freiner ... d'ou une certaine idéologie sur la punition qui ne doit en rien être injuste, prétextée et l'unique moyen d'infliger de la souffrance (mais c'est un autre débat).
En conclusion, l’effet Pygmalion prouve dans quelle mesure la perception de la personne dominante comme modèle, comme référence et comme guide absolu, influence le comportement et les résultats de la personne soumise. Le BDSM sain et formateur, celui qui fait grandir et avancer, celui que tous prônent et recherchent... ne supporte pas les pensées négatives et les injustes châtiments, les rabaissements inutiles et vils, et les abjectes comportements... Mais ne devrait il pas en être ainsi dans bien d'autres domaines de nos vies ?